mardi 22 janvier 2008

Les fêtes

Bonjours chers lecteurs, chères lectrices,

Je sais, je sais ! Je vous ai négligé un peu durant cette période des fêtes, mais sachez que c’était bien malgré moi ! Je commençais à avoir très hâte de vous écrire pour tout vous raconter !
À un point tel que même mes doigts engourdis m’envoyaient des signaux dénonçant l’ennui dans lequel je les ai plongés durant ces deux dernières semaines. Il était donc grand temps que je regagne mon clavier !

Par où commencer ?... Ah oui allons-y avec les exploits de mon amie Fanta, la Malienne qui est médecin. Et bien la semaine passée, sa thèse a été sélectionnée pour devenir un document scientifique dans le cadre des journées scientifiques du centre national d’appui à la lutte contre la pauvreté (CNAM). Je l’ai donc accompagnée au Centre international de conférence de Bamako pour assister à la présentation de sa thèse qui porte sur la relation entre le SIDA et les indicateurs de pauvreté. C’était une journée très enrichissante. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs présentations qui portaient sur les différents défis du Mali en termes de santé. Plusieurs maladies comme la lèpre, la diarrhée, la fièvre typhoïde, le cas des albinos et le sida faisaient l’objet d’études. J’ai vite réalisé que cette reconnaissance signifiait beaucoup pour Fanta. Au Mali, ce n’est pas facile de faire sa place, même pour un médecin. Elle cherche du travail depuis deux ans et n’a toujours rien trouvé.

Le lendemain, c’était la veille de la Tabaski. Fanta m’a trimbalé aux quatre coins du centre-ville pour les préparatifs de la fête. Toute la ville était mobilisée pour le grand événement. Les femmes se trouvaient toutes en 4 endroits stratégiques : au marché pour acheter de la nourriture, chez le tailleur pour récupérer leur nouveau boubou, chez le coiffeur pour se tresser les cheveux et finalement chez l’esthéticienne pour se faire du henné sur les mains, les pieds et les sourcils. Ouf ! Talk about high maintenance !

Je vous dis que cette histoire de Tabaski, c’est toute une aventure ! Le marché est déjà bondé de monde habituellement. Ce jour-là, je ne sais même pas comment vous l’expliquer… c’était comme si la population de la Chine c’était ramassée en Uruguay ! Petit à petit, nous nous enfoncions dans le creux d’une foule dense et zigzagante sous la chaleur accablante du soleil. L’odeur de gaz d’échappement s’atténuait pour laisser place à celle, non moins déplaisante, de poissons frits, de viandes marinées et de sueur évaporante. Les femmes se promenaient sans la moindre gêne avec leur cargaison en équilibre sur la tête, leur petit sur le dos et le regard patrouillant les lieux à la recherche de la denrée escomptée. Ici et là, elles s’arrêtaient brusquement pour marchander, forçant ainsi les gens à se frayer un autre chemin pour aller de l’avant. Lorsque nous avons finalement terminé nos courses, nous avons quitté l’embouteillage du marché pour gagner l’embouteillage routier, et bien sûr, africanisme oblige, nous avons eu une crevaison. C’est la deuxième depuis mon arrivée. Je crois que je bas des recors !

À 19h nous sommes arrivées chez Fanta à Magnanbougou, un quartier de Bamako. Nous avons fait un arrêt chez la « meilleure hénnéeuse de la ville ». Cette femme travaillait depuis 6h du matin, accroupie sur le plancher, et a accepté de me couvrir les pieds de henné pour ma première Tabaski. Je suis tombée en amour avec ça ! Mes pieds n’ont jamais été aussi gracieux !

Dès le lendemain matin, Fanta, ses deux garçons et moi sommes partis chez la belle-famille où avait lieu la célébration. Les femmes se sont alors mises à la cuisine, euh en fait je devrais dire à la cour ! C’est là que tout se passait ! Elle était chargée de chaudrons, de légumes, de riz, de 5 moutons et d’une trentaine de femmes, hommes et enfants ! Soudainement, les hommes se sont levés de leur siège pour tuer un, deux, trois, quatre moutons, un après l’autre. Moi qui croyais qu’il y aurait une sorte de cérémonie, une espèce de tradition animiste où l’on interpellerait les esprits pour leur offrir l’âme du pauvre mouton. Mais non. On lui trancha la gorge, les enfants s’emparèrent des couilles et basta ! Le seul phénomène qui se produit à la Tabaski, c’est que les hommes se tiennent sur leur deux pattes, le temps de déchiqueter les bêtes !

La viande était absolument délicieuse ! Je dois vous dire que je me suis bien régalée et le jour de la Tabaski, je redevins carnivore !

Comme vous pouvez le constater, j’ai passé beaucoup de temps avec Fanta pendant les fêtes. Puisque nos quartiers se situent dans des zones opposées de la ville, j’ai dormi chez sa mère (elles sont voisines) pendant 3 jours. Fanta habite dans un 2 et demi avec son mari et ses enfants, alors inutile de vous dire qu’il n’y avait pas de place chez elle pour moi ! Sa mère quant à elle a une grande maison qui se divise en deux appartements, un à l’étage et un au rez-de-chaussée. J’avais une grande chambre, une toilette et une douche à moi seule ! héhé …

La mère de Fanta est divorcée et travaille au ministère des communications. Je ne pourrais même pas vous dire qui habite chez elle parce qu’il y a un va-et-vient incessant et je ne décompte jamais moins de 10 personnes sur place ! J’ai passé la dernière nuit avec des cousines à Fanta. Elles ont 14, 16 et 22 ans. Elles me parlaient du show de Tiken Jah qui avait lieu le soir suivant. Je les ai donc invitées, toutes les trois ainsi que mon frère Madou, à y aller avec moi et les autres Canadiens. C’était vraiment impressionnant. Les gens étaient vraiment excités, lançaient des pétards, dansaient partout et chantaient à tue-tête : « Ils ont » Laissez-moi vous dire que les Canadiens et moi nous sentions en minorité dans cette foule noire qui dénonçait le colonisation et l’image négative de l’Afrique qui est diffusée par les médias occidentaux.

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