vendredi 7 mars 2008

I ni sogoma !

Bon ça fait un bon moment que je ne donne pas de nouvelles... encore une fois... mais mes occupations et mon travail de relations publiques accaparent tout mon temps !

Le vernissage a eu lieu vendredi passé. C'était un vrai petit succès, avec quelques petits bémols, mais que voulez-vous, nous sommes en Afrique ici.
Le vernissage avait officiellement lieu à 17h... nous avons terminé le montage de l'expo vers 17h30; Un livreur a apporter les boissons vers 15h en m'annonçant que je devais lui donner un dépôt de 100 $ pour les bouteilles sur le champs, sans quoi il repartait avec tout mon petit cocktail; à 16h, je n'avais toujours pas trouvé de contenant pour mettre la glace que je n'avais pas toujours pas acheté. Vous pouvez vous imaginer, à 38 degrés, que les boissons étaient plus que chaudes ! Finalement, le restaurateur du Musée, non sans s'en mettre plein les poches, a accepté de nous prêter son frigo;

Bon passons au côté positif de la chose !

Les productrices de karité ! Elles étaient comme des enfants qui vont au glissades d'eau et se pressent pour être les premiers en file ! Elles étaient vêtues de leur beaux boubous et lorsqu'elles sont sorties du camion qui les a transportées au beau milieu de la cour où étaient disposées les photos, elles ont couru vers leurs portraits respectifs. L'une d'elles étaient complètement atterrée car elle portait le même boubou que sur les photos... la catastrophe !



J'ai fais un petit discours avec la présidente de la coopérative et ensuite une petite visite guidée de l'expo. Nous avons eu environ une centaine de personnes, ce qui représente un beau petit succès ! Après l'expo, nous avons ouvert une bouteille de champagne et potiné sur tout tout tout ! En bref, c'était une excellente soirée, je ne l'oublierai jamais ! Je dois d'ailleurs une fière chandelle à Mariam Touré, la princesse de Baie-Comeau, et Djeneba Watara, la toubab de Zantiébogou, pour leur aide et leur support !!!

Donc depuis vendredi passé, je passe mes journée au Musée à faire des visites guidées, à discuter avec des Maliens et des touristes et à vendre du beurre de karité. Ce soir nous déplaçons l'expo à l'Ambassade du Canada. Donc ce sera la fête... encore une fois ! hehehe

Bonne fin de semaine !
Kadi

lundi 25 février 2008

COPROKAZAN et ses partenaires sont fiers de présenter cette activité spéciale faisant la promotion du Karité en tant que patrimoine culturel du Mali et la valorisation du rôle des femmes oeuvrant dans ce domaine.


Cet événement se tiendra du 29 février au 6 mars au Musée du District, le 7 mars à l’Ambassade du Canada et du 9 au 23 mars au Cadre de promotion pour la formation en photographie (CFP).

À l’occasion de cette exposition, COPROKAZAN mettra en lumière la très haute valeur symbolique du Karité ainsi que la portée et l’importance de l’implication des femmes dans le développement de cette culture.

Notre approche basée sur l’éducation et l’éveil des consciences du public permettra non seulement de démontrer que le Karité incarne le développement social, économique et culturel des communautés villageoises, mais également de sensibiliser la population aux valeurs émanant des traditions locales.

samedi 23 février 2008

Ces femmes qui soutiennent leurs maris sur tous les plans

Voici un article qui a paru dans un journal local... Cela donne une bonne idée de comment les problèmes économiques du pays secouent les normes traditionnelles du mariage. À lire !

Aujourd’hui, nombreux sont les couples dont les deux conjoints sont salariés. Les épouses inactives se font rares. Celles qui n’ont pas un emploi salarié, pratiquent le petit commerce. Il arrive aussi que l’époux soit au chômage. Dans ce cas, il n’a pas de revenu mensuel et ne peut subvenir aux besoins de la famille. L’épouse est donc amenée à assurer les dépenses quotidiennes du foyer. Dans notre pays, rares sont les épouses, toutes ethnies confondues, qui ne gardent pas le secret des difficultés financières de leurs maris. Les femmes ont le don de faire fonctionner une chaîne de solidarité invisible et indissoluble qui n’est autre qu’une déclinaison de la fibre maternelle, muée en génie créateur au service de la survie de la famille. Beaucoup de nos mères, nos sœurs prennent en charge leurs foyers.
Le code malien du mariage assigne au mari l’obligation de prendre en charge les besoins de sa femme en nourriture, habillement, soins de santé et autres. En contrepartie, l’épouse lui doit obéissance et respect. Elle doit aussi contribuer au bien-être du foyer si elle en a les moyens. Malheureusement dans nos communautés, l’orgueil des hommes ne permet pas toujours aux femmes de faire ce que le code de la famille a prévu.
En général, le mari se sent diminué s’il n’arrive pas à supporter les dépenses de la famille. Nos vieilles mamans se souviennent qu’autrefois les épouses s’occupaient seulement des travaux ménagers. "Nos papas n’acceptaient même pas le moindre sou de leur part dans les dépenses de la famille. Ils étaient fiers de prendre en charge toutes les dépenses du foyer", se souvient l’octogénaire Mme Sidibé Awa Ballo qui ajoute : «Il faut reconnaître, néanmoins, qu’à cette époque l’argent n’avait pas autant de valeur qu’aujourd’hui».

mercredi 20 février 2008

SI FRAGILES, LES DROITS HUMAINS…

Alors que mes consoeurs québécoises délaissent aujourd’hui le féminisme, soit parce qu’elles vivent dans un monde où les inégalités basées sur le sexe sont peu frappantes, soit parce que le concept sous-tend un désir de supériorité et de rivalité entre les hommes et les femmes, je me tue devant tant d’intolérance, de mépris et d’injustices à l’égard des femmes ici au Mali. La liste des actes et valeurs issues de la religion et des coutumes oppressant les femmes est longue et très peu adulatrice pour l’humanité : mariages forcés, mutilations génitales, polygamie, adultère, violence conjugale, discrimination, dépendance financière et sociale, subordination, asservissement… j’en passe et j’en passe.

Imaginer un peu le monde des Maliennes :
Faites gaffe ! Si vous ne veillez pas à la satisfaction de votre mari, il se trouvera une 2ième, 3ième, 4ième femme ; Si vous n’écouter pas ses directives, il vous battra en toute légitimité. De cette façon, vous ne recommencerez plus ; Vous êtes impure, dès lors vous ne pouvez pas aller à la mosquée, vous ne pouvez assister à l’enterrement de votre propre mère ;

Eh oui chères lectrices, le droit de s’exprimer, le droit de disposer de son propre corps, le droit de choisir son mari et le nombre d’enfants qu’on accouche constituent de véritables privilèges. Et ces privilèges sont d’une fragilité inquiétante. Même en Amérique, le droit à l’avortement est remis en question par cet hippopotame à la présidence des E-U !

Vivons-nous vraiment tous sur la même planète ? Est-ce possible que tout cela se passe sous nos yeux, alors que nous dormons sur les acquis de la révolution tranquille ? Bien loin de notre réalité québécoise, 140 millions de filles et de femmes sont victimes de mutilations génitales dans le monde et ce nombre augmente de 3 millions chaque année ; Les femmes sont les premières victimes du VIH/SIDA ; La violence sexuelle constitue non seulement une arme de guerre mais aussi une conséquence de celle-ci ; Lapidations; Mutilations; ...

Bon là je suis un peu sortie du Mali... et je ne veux pas être la cause d'une déprime générale, mais ces injustices me rendent dingue à la fin ! Santo cielo !

mardi 5 février 2008

Ouf ! Après 12 heures de turbulence dans un autobus surpeuplé et dans lequel la composition de l’air renferme plus de dioxyde de carbone que les salles de gym 24h du quartier gay, je suis finalement de retour à Bamako !

Étant surexploités de façon tout à fait imaginative, les autobus du Mali incarnent le productivisme dominant du pays, voir même de toute l’Afrique de l’Ouest ;-) : des bidons d’eau (sur lesquels certains passagers doivent s’asseoir) encombrent les allées, le toit est surplombé de valises, matelas, poulets (vivants bien sur ! ), poches de riz et de couscous et toute une panoplie de marchandise aussi variée que surprenante. À un point tel que j’en suis venue à la conclusion que les Maliens ont un don prodigieux en ce qui a trait au compactage en des lieux restreints. Je vous assure qu’en terre occidentale, le rendement de ces modestes autobus serait à des années lumières de ce qui est accompli en terre africaine !

Je reviens d’un petit voyage en compagnie de mes co-volontaires canadiens… Nous avons parcouru de nombreux kilomètres et visité 4 villes toutes aussi fascinantes les unes que les autres.



PREMIER ARRÊT : SÉGOU, À 230km DE BAMAKO
Cette petite ville longeant le fleuve Niger est tout à fait charmante dans son atmosphère détendu et authentique. Nous avons séjourné dans un petit hôtel avec vue sur le fleuve; Nous nous sommes promenés dans les rues commerçantes et au marché des potiers ; Nous avons pris une pause sur une terrasse en bordure du fleuve pour admirer le coucher du soleil…

Étant directement sortis du vacarme et de l’agitation de Bamako, il nous fallait ajouter un peu de piquant dans cette petite ville paisible. L’affaire a commencé de façon tout à fait innocente. Nous étions fatigués, affamés, et cherchions un resto où les prix seraient raisonnables et la bière froide. Nous avons trouvé un petit resto éloigné du quartier hôtelier qui semblait répondre à nos exigences. Nous avons tous commandé le poulet grillé, plat assez courant à travers le Mali. 15 minutes passèrent avant que je ne m’impatiente et interpelle le serveur afin qu’il lâche son thé pour prendre notre commande. Jusque-là, les choses se passaient dans un africanisme familier et habituel. 20 minutes passèrent et nous ne pouvions toujours pas confirmer si la bière était bel et bien froide. 30 minutes, 45 minutes, 60 minutes s’ajoutèrent avant que nos plats arrivent. Finalement ! Nous pouvions nous régaler d’un bon repas bien mérité ! … Hélas, nos espoirs se sont effondrés bien plus rapidement que le service ! L’extérieur du poulet était calciné, l’intérieur cru. Nous sommes restés sur notre faim et avons entrepris la négociation du prix de la facture (au Mali, tout est négociable ! ). Inébranlable, le responsable du resto était aussi rigide que son poulet… et très peu doué en mathématique… héhé. Nous avons réglé la facture et sommes partis comme des fugitifs en fuite ! Notre petit séjour était alors pimenté d’une petite trouille de voir le restaurateur nous traquer dans les petites rues de la ville…

DEUXIÈME ARRÊT : DJENNÉ, A 130km DE MOPTI
Classée au patrimoine de l’Unesco, la ville de Djenné est principalement connue pour son imposante mosquée, qui constitue le plus grand bâtiment construit entièrement de banco, c’est-à-dire de terre crue. D’ailleurs la ville en entier est construite en banco à l’exception des maisons de style marocaines, reconnaissables par leurs portes et leurs fenêtres de bois.

Malgré le fait que la ville perd beaucoup de son charme à cause d’une forte présence touristique, sa légende n’en demeure pas moins fascinante et envoûtante. Fondée au IX e siècle, la ville se situe là où, autrefois, résidaient des "djine" (mauvais esprits). Ceux-ci étaient plutôt réticents à laisser une bande de "bozos" (pêcheurs) s’établir à cet endroit. Ainsi, chaque fois que des constructions étaient entreprises, elles s’effondraient dès le lendemain matin. Après de nombreux échecs, les "bozos" interpellèrent les "djine" afin d’obtenir leur approbation à s’installer sur les lieux. Les djine acceptèrent leur requête, mais à une seule condition : le sacrifice d’une jeune fille unique. C’est alors qu’une jeune fille du nom de « Tapana », n’ayant ni frères ni sœurs, se porta volontaire. Elle fût enterrée vivante et dès lors, les "bozos" entreprirent la construction de la ville de Djenné avec succès. The end … ( À ce qu’il parait, les djine auraient pris la fuite lorsque l’électricité arriva en ville ! )

Ancien centre de l’enseignement islamique, Djenné compte aujourd’hui une quarantaine d’écoles coraniques. Il n’est donc pas rare de rencontrer de jeunes étudiants en train de recopier des passages du Coran sur des surfaces de bois. Seulement, je trouve tellement désolant et déplorant que de voir ces jeunes transcrire et réciter des prières qu’ils ne comprennent même pas, dans une langue qui ne leur appartient pas. Les Maliens prient 5 fois par jour, sans savoir de quoi ils parlent ! C’est à se demander s’ils connaissent vraiment leur Allah vénéré et ça me donne l’impression que leur foi est programmée, superficielle et aveugle.

TROISIÈME ARRÊT : MOPTI
Pour se rendre à Mopti, nous avons pris un taxi-brousse qui peut comporter jusqu’à 9 personnes : 3 sur un banc aménagé à l’arrière, 3 sur la banquette arrière, deux à la place du passager ainsi que le chauffeur. Nous avons logé à l’hôtel « Ya pas de problème » dans un dortoir avec une toilette/douche commune, une petite terrasse privée et une piscine ! C’était du gros luxe comparativement à l’hôtel de Djenné, où le plafond de la toilette s’écroulait sur nos têtes et un petit scorpion perdu a semé la panique dans la chambre des filles !

Située au confluent des fleuves Bani et Niger, Mopti est une ville vivante et agitée. Les touristes y sont aussi très nombreux, mais au moins, ils sont mêlés aux quelques 100 000 habitants. Malgré cela, les guides, commerçants et vendeurs ambulants nous répertorient assez rapidement, de telle sorte qu’il est difficile de faire trois pas sans se faire apostropher.

Après une longue journée de promenade, de marchandage et d’achats, nous avons fait une petite escapade en pirogue. C’était absolument magnifique ! Pendant un instant, je me suis retrouvée à Venise devant la demeure de Marco Polo ! Hehe… je crois que j’ai un peu trop d’imagination…

QUATRIÈME ARRÊT : BANDIAGARA, LA PORTE DU PAYS DOGON
Deux princesses blondes, en l’occurrence Marie-Pierre et moi, sommes parties en duo visiter les « Dogons », un peuple du Mali vivant dans les falaises de Bandiagara. Fuyant l’islamisation, ils y sont arrivés au XIVe siècle, forçant les « Tellems » (peuple de petite taille qui habitait sur les lieux depuis le XIe siècle) à fuir à leur tour. Ces derniers se sont réfugiés au Burkina Faso, mais les sécheresses et les famines entraîneront leur disparition.

Toute ce déplacement n’aura pas servi à grand chose, puisque les Dogons sont aujourd’hui majoritairement musulmans. Ils ont tout de même conservé certaines croyances animistes. Par exemple, si une femme se rend à un endroit réservé aux hommes (et il y en a plusieurs) elle deviendra aveugle …

À ce propos, Marie-Pierre et moi avons visité un village où la circoncision des jeunes garçons se fait sur une colline strictement réservée aux hommes. ( En tant que Toubabou, nous avons pu la visiter puisque les femmes blanches ne semblent pas êtres affectées par l’aveuglement…) Chaque deux ou trois ans, une centaine de garçons se font circoncire, l’un après l’autre, sur cette colline. Afin de limiter l’effroi qu’ils pourraient ressentir, la veille du jour j, ils assistent à la dégustation d’une poule par un boa. Afin de les dissuader de crier durant l’opération, on leur dit qu’ils se feront manger à leur tour s’ils n’obéissent pas … C’est un peu comme notre légende du bonhomme 7 heure… !

Ensuite, c’est la fête durant tout le mois et des festivités sont organisées. Les jeunes garçons font une course jusqu’au sommet de la colline. Le premier gagne un sac de mil, le second un bœuf, et le troisième… je vous laisse deviner. Écrivez vos idées dans la section "commentaires" plus bas !

mardi 22 janvier 2008

Caprices !

I ni sogoma !

Nous sommes samedi matin. Il est tôt. Vous êtes probablement tous couchés dans vos lits douillets et chauds. Je n’ai que quelques heures de sommeil dans le corps alors je remédie avec le nescafé instantané auquel je me suis habituée. N’est-ce pas une véritable tragédie ? La petite princesse italiano-québécoise d’Ahunstic qui doit se résoudre à l’instant ! Oh que je m’ennuie de ma machine à capuccino, du sifflement de la vapeur qui s’échappe, de l’arôme du café brûlant, de la mousse voluptueuse du lait qui, permettez-moi de le souligner, a la particularité remarquable de ne pas être en poudre !

Ce matin, 7h30am précisément, ma mère d’accueil a décidé qu’elle accomplissait ses besognes de bonne femme au rythme vigoureux des chants d’une griotte. Je me suis évidemment réveillée en sursaut et en prime, plutôt que d’être enveloppée dans une couette de duvet moelleuse, j’étais entortillée dans mon moustiquaire comme une abeille dans une toile d’araignée. Que du plaisir ce matin… j’en suis à ma 4ième tasse.

Bon, j’arrête de me lamenter et je mets mes petits caprices de côté. Après tout, j’ai peut-être perdu certains privilèges, mais j’en ai aussi gagné quelques-uns. J’ai tout de même une bonne à mon service presque 24h sur 24. Elle m’apporte le petit-déjeuner au lit, fait mon lavage quand je n’ai pas le temps, attrape mes sacs à mon retour du travail… En échange, je la fais pouffer de rire avec mon bambara approximatif et je m’occupe de la petite Fatimata pour la libérer un peu. Elle grandi à vue d’oeil cette petite merveille. Elle a deux petites dents qui lui sont apparues et ses yeux s’illuminent à la moindre attention qu’on lui accorde. Puisqu’elle porte le nom de sa grand-mère, on la surnomme « la vieille » ou simplement « la …». Ce n’est pas très mignon, je vous l’accorde, mais ce surnom est très courant ici. J’essaie désespérément de lui apprendre à dire « tanti Kadi », mais je n’ai eu aucun succès jusqu’à maintenant. La vieille charme tous les gens qu’elle rencontre et adore la caméra. Je crois que je commence à déteindre sur elle… ;0)

Ici, les journées et les soirées passent à une vitesse saisissante. Mes journées de travail sont bien remplies et je profite pleinement de la ville à chaque occasion qui se présente. La semaine passée, je suis allée voir l’icône de la musique malienne, le fameux Salif Keita, en show au palais de la culture. Le spectacle était fascinant ! Salif a une prestance incroyable sur scène et il y avait des danseurs à moitié nus qui faisaient une espèce de danse du feu… vous avez manqué un bon show les filles ! ;-)

Comme toutes les prestations musicales, celle-ci a commencé avec 4 heures de retard. Au moins, le spectacle se tenait en bordure du fleuve Niger, qui nous dévoilait la ville dans toute sa splendeur. Nous en avons aussi profité pour savourer de la Castel, une bière locale…hehe… Que voulez-vous ? Il faut trouver des moyens pour se distraire puisque ici, on ne peut pas se laisser emporter pour un petit retard de quelques heures. Comme le dirait mon patron Omar, la conception africaine du temps est relative dans une perspective horizontalo-verticale !

À part ma petite nostalgie de caféine et mes petites soirées animées, je reviens d’un petit voyage à Zantiébougou. J’y ai passé la semaine en compagnie de deux photographes maliennes, Bintou et Salimata, que j’ai rencontrées au Centre de formation photographique de Bamako. Au courant de la semaine, elles m’ont attribué le surnom de « grande sœur » et sont alors devenues mes petites sœurs ! Les Maliens ont cette capacité surprenante de développer une familiarité spontanée avec de nouvelles connaissances sans la moindre gêne ou prétention. Il est alors très facile de tisser des liens avec eux. Au début, cela me semblait un peu superficiel, et c’est peut-être le cas, mais pour les étrangers qui veulent s’intégrer et faire de nouvelles rencontres, c’est l’idéal ! Je me souviens la première fois que j’ai rencontré Fanta, elle m’a appelé après 2 jours pour me dire qu’elle s’ennuyait de moi ! J’étais un peu surprise, mais ça m’a tout de même fait plaisir.

Comme dans toute bonne chose, il y a un côté plus obscur à cette affectuosité. Les Maliens, paraît-il, tombent en amour dans le temps de le dire. On peut dire qu’ils n’ont pas vraiment la même conception de l’amour que nous ! Lorsque Marie-Pierre est sortie 2 fois avec un gars et qu’elle a refusé la 3ième invitation, le gars était complètement bouleversé et lui a avoué son amour éternel pour elle ! En tant que québécoise affirmée, elle n’en cru rien, évidemment ! Mais Omar lui a expliqué qu’il était fort probable que la peine du gars soit sincère et que les sentiments amoureux naissent dans cette précipitation ici. Santo cielo …

Bon je dérape un peu là, revenons à mon expo… Bintou, Sali et moi avons fait un reportage photographique sur la production du beurre de karité. Pour ceux qui ne le savaient pas, j’organise une expo pour faire la promotion de la coopérative pour laquelle je travaille. Plus particulièrement, le but de l’événement est de promouvoir le beurre de karité en tant que patrimoine culturel et de valoriser le travail des productrices. Ces dernières étaient vraiment excitées et enjouées de se faire photographier. J’ai très hâte de voir leur réaction lorsqu’elles verront les photos en grands format exposées devant des centaines de personnes.

Durant la semaine, j’ai d’ailleurs participé à la production du beurre. C’était une expérience inoubliable. Les femmes étaient toutes ébahies de me voir accomplir leurs tâches quotidiennes. Il est très difficile d’évaluer leur âge puisqu’elles n’ont presque pas de dents et qu’elles sont plutôt ridées par le dur labeur, mais je dirais qu’elles ont entre 35 et 50 ans. Elles sont toutes analphabètes et travaillent du matin jusqu’au soir. Puisqu’elles viennent des villages voisins et qu’elles n’ont pas de moyens de transport, elles dorment à la coopérative. Le premier soir, Bintou et Sali m’ont informé qu’elles dormaient par terre dans une salle de conférence. Nous leurs avons alors donné deux matelas qui étaient de surplus dans notre appartement. Les femmes nous ont alors couvertes de bénédictions… elles étaient très reconnaissantes.

Je dois vous quitter, je pars à la piscine !

Les fêtes

Bonjours chers lecteurs, chères lectrices,

Je sais, je sais ! Je vous ai négligé un peu durant cette période des fêtes, mais sachez que c’était bien malgré moi ! Je commençais à avoir très hâte de vous écrire pour tout vous raconter !
À un point tel que même mes doigts engourdis m’envoyaient des signaux dénonçant l’ennui dans lequel je les ai plongés durant ces deux dernières semaines. Il était donc grand temps que je regagne mon clavier !

Par où commencer ?... Ah oui allons-y avec les exploits de mon amie Fanta, la Malienne qui est médecin. Et bien la semaine passée, sa thèse a été sélectionnée pour devenir un document scientifique dans le cadre des journées scientifiques du centre national d’appui à la lutte contre la pauvreté (CNAM). Je l’ai donc accompagnée au Centre international de conférence de Bamako pour assister à la présentation de sa thèse qui porte sur la relation entre le SIDA et les indicateurs de pauvreté. C’était une journée très enrichissante. J’ai eu la chance d’assister à plusieurs présentations qui portaient sur les différents défis du Mali en termes de santé. Plusieurs maladies comme la lèpre, la diarrhée, la fièvre typhoïde, le cas des albinos et le sida faisaient l’objet d’études. J’ai vite réalisé que cette reconnaissance signifiait beaucoup pour Fanta. Au Mali, ce n’est pas facile de faire sa place, même pour un médecin. Elle cherche du travail depuis deux ans et n’a toujours rien trouvé.

Le lendemain, c’était la veille de la Tabaski. Fanta m’a trimbalé aux quatre coins du centre-ville pour les préparatifs de la fête. Toute la ville était mobilisée pour le grand événement. Les femmes se trouvaient toutes en 4 endroits stratégiques : au marché pour acheter de la nourriture, chez le tailleur pour récupérer leur nouveau boubou, chez le coiffeur pour se tresser les cheveux et finalement chez l’esthéticienne pour se faire du henné sur les mains, les pieds et les sourcils. Ouf ! Talk about high maintenance !

Je vous dis que cette histoire de Tabaski, c’est toute une aventure ! Le marché est déjà bondé de monde habituellement. Ce jour-là, je ne sais même pas comment vous l’expliquer… c’était comme si la population de la Chine c’était ramassée en Uruguay ! Petit à petit, nous nous enfoncions dans le creux d’une foule dense et zigzagante sous la chaleur accablante du soleil. L’odeur de gaz d’échappement s’atténuait pour laisser place à celle, non moins déplaisante, de poissons frits, de viandes marinées et de sueur évaporante. Les femmes se promenaient sans la moindre gêne avec leur cargaison en équilibre sur la tête, leur petit sur le dos et le regard patrouillant les lieux à la recherche de la denrée escomptée. Ici et là, elles s’arrêtaient brusquement pour marchander, forçant ainsi les gens à se frayer un autre chemin pour aller de l’avant. Lorsque nous avons finalement terminé nos courses, nous avons quitté l’embouteillage du marché pour gagner l’embouteillage routier, et bien sûr, africanisme oblige, nous avons eu une crevaison. C’est la deuxième depuis mon arrivée. Je crois que je bas des recors !

À 19h nous sommes arrivées chez Fanta à Magnanbougou, un quartier de Bamako. Nous avons fait un arrêt chez la « meilleure hénnéeuse de la ville ». Cette femme travaillait depuis 6h du matin, accroupie sur le plancher, et a accepté de me couvrir les pieds de henné pour ma première Tabaski. Je suis tombée en amour avec ça ! Mes pieds n’ont jamais été aussi gracieux !

Dès le lendemain matin, Fanta, ses deux garçons et moi sommes partis chez la belle-famille où avait lieu la célébration. Les femmes se sont alors mises à la cuisine, euh en fait je devrais dire à la cour ! C’est là que tout se passait ! Elle était chargée de chaudrons, de légumes, de riz, de 5 moutons et d’une trentaine de femmes, hommes et enfants ! Soudainement, les hommes se sont levés de leur siège pour tuer un, deux, trois, quatre moutons, un après l’autre. Moi qui croyais qu’il y aurait une sorte de cérémonie, une espèce de tradition animiste où l’on interpellerait les esprits pour leur offrir l’âme du pauvre mouton. Mais non. On lui trancha la gorge, les enfants s’emparèrent des couilles et basta ! Le seul phénomène qui se produit à la Tabaski, c’est que les hommes se tiennent sur leur deux pattes, le temps de déchiqueter les bêtes !

La viande était absolument délicieuse ! Je dois vous dire que je me suis bien régalée et le jour de la Tabaski, je redevins carnivore !

Comme vous pouvez le constater, j’ai passé beaucoup de temps avec Fanta pendant les fêtes. Puisque nos quartiers se situent dans des zones opposées de la ville, j’ai dormi chez sa mère (elles sont voisines) pendant 3 jours. Fanta habite dans un 2 et demi avec son mari et ses enfants, alors inutile de vous dire qu’il n’y avait pas de place chez elle pour moi ! Sa mère quant à elle a une grande maison qui se divise en deux appartements, un à l’étage et un au rez-de-chaussée. J’avais une grande chambre, une toilette et une douche à moi seule ! héhé …

La mère de Fanta est divorcée et travaille au ministère des communications. Je ne pourrais même pas vous dire qui habite chez elle parce qu’il y a un va-et-vient incessant et je ne décompte jamais moins de 10 personnes sur place ! J’ai passé la dernière nuit avec des cousines à Fanta. Elles ont 14, 16 et 22 ans. Elles me parlaient du show de Tiken Jah qui avait lieu le soir suivant. Je les ai donc invitées, toutes les trois ainsi que mon frère Madou, à y aller avec moi et les autres Canadiens. C’était vraiment impressionnant. Les gens étaient vraiment excités, lançaient des pétards, dansaient partout et chantaient à tue-tête : « Ils ont » Laissez-moi vous dire que les Canadiens et moi nous sentions en minorité dans cette foule noire qui dénonçait le colonisation et l’image négative de l’Afrique qui est diffusée par les médias occidentaux.

Cérémonialement

Dimanche 16 décembre 2007

Bonjour,

Il reste moins de 10 jours avant la nativité ! Avec toute cette neige qui tombe sur le Québec, j’imagine que vous pelletez dans l’ambiance des fêtes ! C’est bien ce qui manque ici : la neige, l’odeur des sapins, la neige, les lumières de Noël, la neige... ZZZZzzzzz

Hello??? Réveille chouette ! T’es en Afrique ! Ton petit Noël blanc n’arrivera pas de sitôt!

Bon je dois bien cesser de rêvasser et regarder la réalité en face. Il me faudra passer mon tour cette année, non seulement pour le Noël blanc, mais surtout pour la saison de ski. Cette petite capricieuse a hiberné tout l’hiver passé et décide de se révéler dans toute sa générosité cette année! Apparemment, le réveil a sonné du Mont-Tremblant jusqu’au Mali, et seuls mes nouveaux skis dorment toujours dans le garage …

Je vous assure que je compte tout de même obtenir gain de cause dans cette affaire. Les festivités exotiques du continent noir me procureront un dédommagement ! Attachez-vous bien ! En plus de la tabaski, où j’aurai le plaisir d’assister à la décapitation d’un mouton, il y a les innombrables et interminables cérémonies de mariage & de baptême !

J’ai d’ailleurs assisté à mon tout premier baptême samedi dernier. Celui d’une fillette d’une semaine seulement ! Comme dans les mariages, la célébration se sectionne par sexe. J’ai donc passé la journée avec une cinquantaine de femmes qui cuisinaient et causaient en bambara. Vers 18h, elles se sont habillées de leurs plus beaux boubous et ornées de leurs plus gros bijoux pour ensuite se rassembler autour du bébé. C’est alors qu’une griotte est venue offrir des louanges à la famille ainsi que des bénédictions au nouveau-né. Faisant partie d’une caste particulière, les griots et les griottes sont des orateurs offrant une glorification en échange d’argent lors de cérémonies religieuses.

Ainsi, pendant une heure et demie, la griotte s’exclama : « une famille humble ! une famille généreuse ! égale à elle-même ! fidèle aux traditions !… » alors qu’une autre dame acquiesçait « namu » à répétition. Hormis ce mot, la seule chose que je parvins à décrypter de tout ce tohu-bohu est Allah ! J’aurais dû compter le nombre de fois qu’elle l’a dit ! Voyons voir… minimum quatre fois la minute multiplier par une heure et demie… cela ne donne pas moins de 360 répétitions, balancées entre les larmes de la nouvelle maman et les acclamations de la foule !

Blagues à part, je dois avouer qu’une partie de moi trouve un certain charme à cette religiosité. Les Maliens ont un rapport assez particulier avec Dieu, ce qui les différencie des musulmans en général. Ils acceptent et verbalisent humblement leur impuissance et leur soumission à la volonté de Dieu, de telle sorte que les expressions faisant appel à Allah abondent à profusion ! Par exemple, Allah ka kilé gnouma ban : bonne journée, où plus précisément que Dieu nous donne une bonne journée. Aussi, lorsqu’on termine notre repas, il faut payer nos respects au chef de famille en le remerciant. On lui dit alors Barika et lui nous répond Barika Allaye qui signifie remercions Dieu.

Je vous vois venir là les féministes, les Chrétiens pas trop catholiques et les athées ! Pas de panique sur le Titanic, je ne me suis pas encore convertie à l’islam ! ;0)

Une petite dernière avant mon retour au travail : si je dis à un collègue « à demain ! », il me répondra assurément Inch Allah ! Si je souhaite une meilleure santé à quelqu’un de malade, la réplique sera Inch Allah ! On va au Hogon vendredi ?Inch Allah ! Bonne nuit ! Inch Allah ! Va-t-il neiger demain ? Inch Allah ! Bref, ceux qui ne parlent pas bambara peuvent très bien se débrouiller s’ils connaissent ces deux mots clés… et si Dieu le veut !

1 mois plus tard...

Vendredi, 7 décembre 2007

Bonjour !

Cela fait maintenant en peu plus d’un mois que je suis arrivée au Mali. Déjà ! … ou devrai-je dire seulement ! pour prendre en considération les sentiments de certains… ;-) La vie ici commence ainsi à prendre un cours normal. Je peux dire que je m’accoutume assez bien à mon nouveau mode de vie, et à mon nouveau nom. C’est donc de la vie de Kadi Koïta dont il est question ici !

Vous trouvez probablement cette tradition un peu étrange ? Ce fut également mon impression lorsqu’on m’a « re-baptiser », mais j’ai finalement réalisé que cette étape est incontournable pour tout étranger désirant s’intégrer dans la vie sociale malienne.

Je vous explique…

Primo, pour un Malien, rien n’est plus insultant que d’être ignoré. Les salutations sont immensément importantes et peuvent durer plusieurs minutes puisque l’on doit s’informer de la santé de son interlocuteur, comment se porte sa famille, comment s’est passée sa nuit ou sa journée… Ce rituel très formel prend place chaque fois que l’on croise un voisin ou une connaissance. Pour un toubabou (un blanc), faire ce genre de salutations en Bambara aux gens du quartier s’avère très fructueux, le bouche à oreille étant le moyen de communication par excellence au Mali ! Héhé … elle est pas mal vite cette Kadi Koïta ;-)

Secundo, il existe au Mali une pratique de taquinerie visant à désamorcer les tensions entre les ethnies : l’alliance à plaisanterie. C’est un système de solidarité interethnique qui consiste à tourner en dérision les stéréotypes de chaque ethnie. Ainsi, puisque je suis une Koïta, je peux plaisanter avec un Koulibaly en lui disant qu’il mange des haricots ou bien qu’il est mon esclave, et vice-versa. Lorsque les Maliens me voient plaisanter dans ce contexte, ils s’émerveillent et disent avec intonation : « hey ! mais tu es Malienne toi ! ». N’est-ce pas incroyable qu’un simple nom permette de franchir les barrières culturelles entre les étrangers et les locaux ?

À part ça, la ville de Bamako semble avoir une âme propre à elle. Ce n’est certainement pas pour la tranquillité que les gens viennent séjourner ici ! Au fait, j’ai l’intention de me lancer dans la production de Music and the city à mon retour… Avis aux intéressées ! La ville entière suit le rythme d’une musique entraînante tout au long de la journée. Que ce soit un vendeur ambulant se promenant avec son stéréo, les épiceries, les innombrables bars avec musique live et surtout, les transports en commun ! Toujours noirs de monde, les Sotramas (espèces de mini vans vertes qui embarquent bien au delà de la capacité maximale !) sont de véritables boîtes à chansons quotidiennes ! C’est une excellente façon de commencer la journée !

L’autre soir, je suis allée dans un bar de renommée, le Hogon, où Toumani Diabate (peut-être que seul mononcle Yves le connaît ?...) a fait une prestation, accompagné d’une dizaine de musiciens. C’était une soirée magique ! La piste de danse se situe dans une cour intérieure à ciel ouvert. Laissez-moi vous dire que la danse africaine sous un ciel rose, ça défoule !
Toujours dans le cadre de mon intégration en tant que Malienne, je me suis fait faire un boubou sur mesure ! Ici, il faut acheter son tissu au marché et ensuite se rendre chez un couturier pour choisir un modèle. C’est vraiment génial ! J’ai vraiment hâte de revenir à Montréal avec ça sur le dos ! J’ai inséré un petit preview pour votre plus grand plaisir !!!



Kadi Koïta !

L'Étrangère

Jeudi le 29 novembre
Aw ni sogoma ! Here sira wa ? Aw ka kene ?*

Moi je vais un peu mieux aujourd’hui. J’ai dû régler mes dettes avec l’Afrique. La fameuse taxe de bienvenue ne m’a pas été épargnée : diarrhée, maux de ventre, mal de tête, fièvre… que du plaisir ! Mes compatriotes l’ont tous payé à notre arrivée. Je me trouvais pas mal tuf d’y avoir échappé. J’en ai même conclu que c’était dû au fait que je me suis abstenue de manger de la viande depuis mon arrivée… Apparemment, les étrangers, végé ou pas, doivent tous digérer le même taux d’imposition !

Hier soir, j’ai alors demandé à Sidiki (mon père d’accueil) de m’apporter de la soupe Lipton (oui oui il y en a ici !). Malheureusement, il n’en a pas trouvé. Pie encore, j’aurai droit à une soupe au poisson en guise de remplacement !

Demain je compte alors faire le plein en soupe et en djablani. C’est du jus de gingembre mélangé avec une infusion de pétales d’hibiscus, servi glacé. C’est un des délices de la « cuisine de rue » du Mali. On y retrouve aussi des brochettes de bœuf, poissons frits, bananes frites, frites de patates douces et assiettes de riz en sauce. Il faut cependant savoir faire son choix. Vous imaginez pas le nombre de mouches qui rôdent autour de la viande… yurk !

Mais revenons à nos moutons…

Selon un proverbe africain, « l’étranger qui ne souffre pas de son éloignement ne répond pas au nom d’étranger ». Eh bien je vous annonce mon appartenance officielle au clan des étrangers/étrangères ! La distance, le mode de vie, les conditions sanitaires, les différences culturelles, l’adaptation… rien de tout cela n’équivaut au besoin originel d’être chez soi, avec ses proches, quand on est malade !

Heureusement, j’ai rencontré des gens formidables ici. Je pense à Gen (une autre!), Pascale et Fanta, une Malienne que je connais depuis seulement 3 jours ! Elle est mariée avec 2 enfants. Médecin de formation, elle s’est découvert une passion pour les relations publiques et travaille pour l’agence de sa tante. Elle m’a déjà proposé plusieurs sorties, dont une invitation à un mariage samedi ! J’ai vraiment hâte de découvrir cet événement !


*Bon matin ! Avez-vous bien dormi ? Comment allez-vous ?

Zantié !

20 novembre 2007; 10ième jour

Bonjour tout le monde !

Alors où est-ce que je vous ai laissé… ah oui ! Le départ pour Zantié (mon nouveau diminutif pour Zantiébougou ! ) Hehe ! Que de péripéties à Zantié ! Je suis partie avec Geneviève (une coopérante qui travaille avec moi), notre coordonnateur ainsi que notre chauffeur. Après deux heures de route à 35 degrés Celsius, la camionnette est tombée en panne. C’est impératif en Afrique ! Tout peut arriver ! Pas de panique pour les inquiets ! (…) Tout est rentré dans l’ordre lorsque deux villageois sont venus nous aider. L’un d’eux a ensuite demandé ma main en mariage ! Les Maliens sont très fort sur la taquinerie. J’ai alors rétorqué que mon mari canadien s’y opposerait fortement. Sur ce, nous avons repris la route destination Zantié !

Ce petit village habite 1000 personnes et se divise en « communes ». Ainsi, les villageois se divisent en petits groupes partageant une même cour intérieure, un même puit (pour ceux qui sont chanceux ! ) et une même toilette/espace douche. Oui oui ! Vous avez bien lu espace douche… c’est-à-dire qu’on se lave avec un sceau d’eau à la belle étoile entouré de 4 murs, dont un servant à diviser l’espace toilette. Laissez-moi vous dire qu’à la chaleur qu’il faisait, l’odeur avoisinante se rendait parfaitement bien à mes narines !

J’ai été logée dans une cour abritant un couple ainsi que leurs 6 enfants ( Youssouf, Mah, Mariam, Madou, Amita et Seydou ). Il y avait 5 petites habitations : une pour faire la cuisine, une pour les parents et Youssouf (le cadet), une pour les frères, une pour les sœurs et une dernière pour moi. Problème : Ils m’informent que cette habitation n’était pas habitée jusqu’à mon arrivée. Hors, j’ai rapidement constaté qu’elle était belle et bien habitée ! Et par nul autre qu’une colonie d’insectes variés, parmi lesquels les coquerelles et araignées se disputent la suprématie. Dois-je vous spécifier que je ne parle pas des gentilles coquerelles du Québec ? Ah non ! Les nôtres doivent avoir la tourista pour être aussi petites !

Vous vous demandez comment j’ai fait pour dormir là ? Eh bien je ne l’ai pas fait ! J’ai dormi chez la voisine & mère d’accueil de Geneviève. Elle se nomme Mariam, a déjà accueilli des Canadiens chez elle et cuisine à merveille. Elle avait pris le soin de pulvériser la chambre. Je l’adore !

Le lendemain, nous sommes allées visiter COPROKAZAN (la Coopérative des productrices de beurre de karité de Zantié ) Les femmes travaillent 6 jours sur 7 à faire le beurre de karité. C’est un travail exigeant, mais il leur assure une subsistance pour leur famille.

La vie à Zantié…

Vous devinerez qu’il n’y a pas grand chose à faire dans ce village au beau milieu du Mali. J’en ai alors profité pour bien m’intégrer dans ma famille d’accueil. Ça a très bien fonctionné puisque les Maliens sont très chaleureux et accommodants. Ma mère d’accueil préparait des repas spécialement pour moi. Riz au gras, c’est-à-dire avec une sauce inconnue qui est très bonne, riz aux arachides, patates, couscous, omelettes… Eux mangeaient presque toujours du Tô, c’est une espèce de pâte gluante à base de mil. Moi qui ne supporte pas la texture des huîtres, ce n’est pas demain matin que je vais m’aventurer dans la dégustation du tô !

Le dimanche de mon départ, alors que le père de famille était parti chez sa 2ième femme (!!!), je suis allée aider la famille au champ. Nous avons récolté le mil. Ce n’est pas très difficile mais je me suis fatiguée rapidement à cause de la chaleur !

Les soirées à Zantié sont magnifiques ! Dehors il fait frais, le ciel est couvert d’étoiles et il me semble ne jamais avoir vu la lune aussi haute ! C’est bizarre n’est-ce pas ? Mais c’est l’impression que j’ai eu en la regardant…


À bientôt

L'arrivée

I ni wula ! … ça signifie Bon après-midi ! en Bambara, la langue locale du Mali après le français. J’ai eu droit à un cours d’initiation aujourd’hui. Mais avant de vous parler de mes débuts dans mon pays d’accueil, laissez-moi vous raconter mes petites péripéties de l’aéroport…

Alors en partant de Montréal, j’étais déjà un peu malade et pas mal congestionnée (comme certains d’entre vous savez !) . Cependant, le vol s’est très bien passé. J’étais assise à côté de 2 petites françaises de 6 ans qui voyageaient seules. L’une d’elles faisait un transfert à Lyon et l’autre en Suisse… en plein milieu de la nuit ! Alors vous vous imaginez probablement ce que j’ai fait ... Eh oui ! J’ai joué à la maman pendant tout le trajet et je n’ai pas fermé l’œil de la nuit !

En arrivant à Paris, mon oreille droite s’est complètement bloquée. J’ai attendu 5 heures à l’aéroport en croyant que ça allait passer, mais j’ai finalement dû me rendre à l’infirmerie pour consulter un médecin. Il m’a alors informé que j’avais une otite et que je devais attendre au moins 24 h avant de prendre l’avion. J’ai alors changé mon billet et j’ai attendu encore 3 heures afin que mes bagages soient retrouvés. Je suis ensuite partie dormir au Marriot ( grâce aux contacts de Gaby ! ;-) et je suis repartie le lendemain pour ne pas manquer ma semaine d’intégration.

En arrivant au petit aéroport de Bamako (la capitale), j’ai bien compris que pour trouver mes bagages, je devais me conformer à la loi du plus fort ! Les Maliens sont en effet très… comment dire… directs, avenants. Ils n’ont pas la même conception que nous quant à l’espace vital personnel ! Alors après plusieurs bousculades et vérifications, j’ai été accueillie par l’AMPJ (l’Association malienne pour la jeunesse) et les autres volontaires canadiens.

Nous avons passé une semaine très intense. C’est un monde complètement différent qui nous attendait. Bamako est une ville imposante, voir même accablante avec la foule, la pollution, les motos, les voitures et la pauvreté bien sûr. Il y a des bidonvilles partout, des enfants qui courent partout et des vendeuses ambulantes qui se promènent avec leur marchandise sur la tête.

Le grand marché et le marché artisanal sont infiniment colorés et vivants. Les locaux aiment beaucoup sympathiser avec les « blancs ». Les enfants crient « toubabou », qui signifie blanc en Bambara, lorsqu’ils nous voient. Ils nous saluent et nous suivent en riant et en nous pointant du doigt ! Aujourd’hui, un volontaire a proposé de les prendre en photo… une ruée d’enfants s’est alors précipité sur nous pour faire partie de la photo et ensuite se regarder sur l’appareil.

Il me reste maintenant une dernière journée d’intégration (nous sommes 5 heures en avance du Canada) et je pars ensuite à Zantiébogou. Ne le cherchez pas sur une carte car ce village n’y figure même pas tellement il est petit ! C’est là ou se trouve la coop de femmes qui produisent le beurre de Karité. Je vais y rester 1 semaine et je vous donnerai des nouvelles par la suite.

J’espère que vous allez tous bien et je vous embrasse très fort. Je m’ennuie déjà !...